Speech: Introduction à la conférence de presse par Premier Vice-Président Timmermans à Calais

Met dank overgenomen van F.C.G.M. (Frans) Timmermans i, gepubliceerd op maandag 31 augustus 2015.

Monsieur le Premier ministre, Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs,

Ces derniers jours ont vu plusieurs centaines de migrants perdre leurs vies dans des circonstances terribles - certains ont péri dans une série d'accidents en Méditerranée, d’autres sont morts asphyxiés dans un camion en Autriche.

Ces événements nous rappellent de façon tragique l’ampleur du défi auquel l’Union européenne est aujourd’hui confrontée - même si de très nombreuses vies ont aussi pu être sauvées, y compris au cours des tous derniers jours.

De tels drames, qui s’ajoutent malheureusement à beaucoup d’autres, rappellent à l'Europe entière l'impératif, l'urgence de l'action.

Ce défi est destiné à durer : si nous connaissons actuellement une crise, les flux migratoires ne vont pas pour autant s'affaiblir, au contraire, ils vont se poursuivre.

Les gens continueront à fuir les persécutions, les conflits, pour assurer leur avenir et protéger leurs familles. Et l’Union européenne continuera de les accueillir. Car il s'agit d'abord et avant tout d'être fidèles à nos propres valeurs - des valeurs d'humanité. Des valeurs dont nous devrions être fiers : nous ne refoulerons jamais ceux qui ont besoin de protection.

Cette crise migratoire met à l'épreuve notre capacité à nous tous, Européens, à répondre ensemble à une situation qui nous concerne tous.

Je veux le répéter avec force : nous pouvons le faire. Les chiffres d'arrivées sont importants - il s'agit bien d'une crise - mais ils restent tout à fait gérables pour un continent de 500 millions d'habitants. A condition que nous répondions à cette crise dans un esprit d'unité et de responsabilité.

Notre visite ici, à Calais, avec le Commissaire chargé des migrations Dimitris Avramopoulos, témoigne de l’entière mobilisation de la Commission européenne sur ce sujet.

Je remercie le Premier Ministre Manuel Valls et le Ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve de nous avoir accompagnés, de nous avoir exposé les défis qu’ils rencontrent dans la gestion des flux migratoires à Calais et leur travail commun avec les autorités britanniques.

La situation ici à Calais est souvent difficile - et je rends ici hommage aux élus locaux, aux organisations non gouvernementales et à leurs bénévoles, aux personnels d'Eurotunnel et aux forces de l'ordre que nous venons de rencontrer. Tous œuvrent ici à améliorer la situation au quotidien.

Il est évident que la situation à Calais requiert avant tout une action commune et résolue.

Car cette situation est l'un des symptômes - parmi d'autres à travers l'Europe - d'une crise plus large. Cette crise n'est pas une crise française ou britannique, ni même d'ailleurs une crise italienne, grecque, autrichienne ou hongroise. C'est une crise d'ampleur européenne, qui réclame donc une réponse européenne.

Calais peut donc aussi devenir l’illustration de solutions durables, courageuses, d'une réponse européenne qui aborde tous les maillons de la chaîne.

L'Europe se doit d’abord d'offrir une solidarité concrète à tous les pays confrontés à une pression migratoire accrue, de soutenir leurs efforts, y compris les zones comme la ville de Calais et ses environs.

Cette visite nous offre d'ailleurs l'occasion d'annoncer que la Commission va accorder des financements additionnels à la France pour la gestion de la situation à Calais.

Nous allons mettre à la disposition des autorités françaises jusqu'à 5 millions d'euros supplémentaires. Ces nouveaux fonds serviront à la mise en place d'un campement pouvant offrir une assistance humanitaire pour environ 1500 migrants résidant dans la zone autour du Centre de jour "Jules Ferry" ainsi qu'à soutenir le transport des demandeurs d'asile de Calais vers d'autres destinations en France.

Cette aide financière s'ajoute à l'aide d'urgence de 3,8 millions d’euros déjà allouée en 2014 pour co-financer la mise en place du Centre de jour "Jules Ferry". Rappelons aussi que l’Union européenne accorde 266 millions d'euros à la France pour la période 2014-2020 à la France pour le financement d'actions structurelles dans les domaines de l’asile, des migrations et de l’intégration.

La Commission européenne est déterminée et pleinement mobilisée. Nous le sommes depuis notre prise en fonction au mois de novembre, quand nous avons fait des migrations l'une des priorités de notre Commission. Nous utilisons et continuerons à utiliser tous les moyens à notre disposition pour aider les États membres à répondre à ces défis.

N’oublions pas cependant que ce sont les Etats Membres eux-mêmes qui restent responsables de la mise en œuvre de ces politiques.

Il est temps que tous les pays européens, y compris ceux qui se sentent à l'abri de ces problèmes et se sont montrés plus difficiles à convaincre, comprennent que l'adoption de politiques plus courageuses et l'expression de la solidarité sur le terrain est aussi dans leur intérêt.

Car il n’y a de réponse efficace que collective ; il n’y a pas de solutions nationales. Cette réponse européenne, nous l'avons mise sur la table en mai dernier, sous la forme d'un agenda complet. Il faut en poursuivre sans attendre la mise en œuvre cet agenda, et sa concrétisation sur le terrain. La Commission, de son côté, y travaille sans relâche et est fermement déterminée à ce que ce soit le cas.

Nous avons déjà triplé notre présence en mer afin de sauver des vies, et nous renforçons la lutte contre les filières criminelles de passeurs. Nous prenons en charge 20 000 réfugiés pour les réinstaller en Europe, exprimant ainsi notre solidarité avec nos voisins qui accueillent un nombre de réfugiés sans commune mesure avec la situation en Europe.

Pour faire face à l'urgence en Italie et en Grèce nous avons proposé de répartir, comme point de départ, 40 000 demandeurs d'asile ; ce dossier est en train d'avancer, même si on peut regretter que ce soit trop lentement. Et je tiens à remercier la France pour son engagement sur ces dossiers, et sa volonté de prendre sa part.

Nous soutenons aussi les autorités des pays qui sont en première ligne des arrivées de migrants, en y envoyant des équipes des agences européennes pour les aider à enregistrer et identifier les demandeurs d'asile et à accélérer les procédures ; pour coordonner les procédures de retour dans leur pays d'origine de ceux qui n'ont pas droit à la protection, afin d’en améliorer l’efficacité. Ces "hotspots" sont en train d'être déployés, et il faut aller vite.

Mais il faut aller encore plus loin : nous avons besoin d'un mécanisme permanent de répartition des demandeurs d'asile - ce que l'on appelle la « relocalisation » - que l'on pourrait activer à chaque fois qu'il y a une crise.

Et nous devons tous, collectivement, appliquer nos règles communes en matière d’asile, dont les dernières sont entrées en vigueur le 21 juillet dernier : solidarité et responsabilité sont inséparables.

L'application de ces règles, notamment l'enregistrement, le recueil des empreintes digitales des demandeurs d'asile, est la condition de la confiance entre les Etats Membres. La Commission européenne y veille tout particulièrement. Nous agissons en ce moment même pour assurer leur respect, et n'hésiterons pas à le faire vigoureusement chaque fois que ce sera nécessaire.

Nous proposerons aussi dans quelques semaines une liste européenne de pays sûrs. En effet certains pays, en particulier dans les Balkans, sont candidats à l'adhésion à l'Union européenne, ce sont des pays sûrs, il faut donc pouvoir gérer de façon plus rapide la procédure de demande d'asile, afin de traiter les cas de ceux qui ont réellement besoin d'une protection.

Nous ferons d'ailleurs très prochainement d'autres propositions pour assurer le caractère effectif et rapide du retour dans leurs pays d'origine de ceux qui n'ont pas le droit de rester - voilà un domaine où collectivement, les pays européens ne sont pas assez efficaces, ce qui alimente le scepticisme des citoyens concernant les politiques d'immigration.

Et nous allons travailler davantage avec les pays d'origine et de transit, notamment pour lutter contre les passeurs et assurer la réadmission des migrants dans leurs pays d'origine. Des discussions auront lieu avec nos partenaires lors de deux Sommets organisés à La Valette et à Budapest.

Nous avons besoin de tous ces éléments à la fois ; l'un ne va pas sans les autres. C'est pourquoi je me réjouis des déclarations récentes du Président Hollande et de la Chancelière Merkel, qui vont très exactement dans le sens de ce que nous avons proposé, celui d'une réponse collective efficace face à l'urgence. Elles tracent aussi la perspective, que nous avons aussi évoquée au mois de mai, d'une unification de notre politique d'asile à l'échelle européenne.

J'appelle, à nouveau, tous les Européens à la mobilisation collective. Nous pouvons, et nous devons, agir. Agir avec humanité vis-à-vis des persécutés, avec solidarité entre les pays européens, et avec fermeté dans l'application des règles. Les solutions communes sont les seules qui soient efficaces et durables. Si nous échouons, ce sera la porte ouverte au populisme et à la xénophobie, à ceux qui n’ont rien d'autre à offrir que le "chacun pour soi", dont nous mesurons tous les jours l'inefficacité. Et font courir le risque, ni plus ni moins, que l'Europe perde son âme.

SPEECH/15/5558

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